Au dela du thriller : à la découverte des mondes de Maxime Chattam

Quel est le cœur de l’homme ? Que sommes nous, de quoi sommes nous capables ? L’actualité nous dévoile tous les jours comment des êtes d’apparence si ordinaire et respectable sont capables des pires horreurs meurtrières. Et nous adorons cela : ces thèmes sont au cœur d’innombrables romans, films et séries. D’où vient un tel intérêt ? Du spectacle de l’altérité ou au contraire d’un écho de ce que nous sommes ? Y a t il au fond de chacun, de moi même, ce qui se trouve aussi chez les pires criminels ? Ils sont fascinants car ils sont, comme moi, bien humains. Toutes ces questons sont au coeur de l’oeuvre de Maxime Chattam.

Qui est ce criminel ? Comment le devient-il ? N’est-il qu’une sorte de victime d’une société qui l’a fait tel qu’il est devenu ? Ou alors, la civilisation et l’éducation ne sont-elles qu’un fragile vernis sur une basse innée ? Et pourquoi, jusqu’où se poser de telles questions ? Leurs réponses laissent elles intact celui qui s’y consacre ?

Cet article présente une analyse complète de l’oeuvre de Maxime Chattam disponible au format PDF. The English translation is also available.

Les séries iconiques : Josha Brolin et Ludivine Vancker

Ce questionnement habite l’œuvre de Maxime Chattam, il parcourt et anime ses thrillers. Nous la trouvons dans le cycle de Joshua Brolin (l’Âme du mal, In Tenebris, Maléfices) comme celui de Ludivine Vancker (La conjuration Primitive, La Constance du Prédateur, la Patience du Diable…). Au-delà de la forme de l’enquête policière, cette interrogation inquiète fonde encore le cycle de l’homme et de la vérité (Les Arcanes du Chaos, , Prédateurs, La Théorie Gaïa) mais surtout le diptyque Léviatemps / Le requiem des Abysses où l’écrivain se met en scène, comme un miroir de lui-même, à la foi auteur et enquêteur décalé dans une époque elle aussi miroir de la notre : une modernité bien fière d’elle même, celle de la fin XIXeme siècle.

L’enquêteur, le profiler, approfondissent concrètement ces problèmes en cherchant qui est derrière ces crimes sanglants, sordides, monstrueux, qui s’accumulent, mais de telles enquêtes changent-elles l’enquêteur lui même ? Au fil des récits, Maxime Chattam met en scène des personnages qui ne sont pas des héros, qui se transforment, sont intérieurement confrontés à eux-mêmes en plongeant dans l’horreur criminelle et ses ressorts psychologiques. Ils explorent ainsi leur propre nature qui est tout aussi humaine, par là très sombre, que les assassins cachés derrière toute l’horreur qu’ils provoquent. Joshua Brolin n’est pas Sherlock Holmes.

Maxime Chattam Romans Cycle Josha Brolin

Les transformations de l’enquêteur : un thème central des romans de Chattam

Mais n’est-il pas un miroir de l’écrivain lui même ? Qu’en est-il de celui qui construit de telles histoires, s’investit dans des thèmes aussi sombres pour nous les raconter, pour notre plaisir qui pose lui aussi question ? Demeure-t-il lui aussi intact, cet écrivain ? Peut-on questionner la noirceur humaine aussi sincèrement en racontant de telles histoires et rester le même ?

Quel est le cœur de l’homme ?

Au delà du thriller : Autre-Monde et l’élargissement créatif de l’auteur

Cette interrogation, Maxime Chattam ne la limite pas au crime, son œuvre ne se restreint pas à des polars sanglants. L’être humain est d’abord innocence, celle de l’enfance prolongée dans l’adolescence et la découverte du monde. C’est la difficile contradiction avec les valeurs de la société des adultes qui va chercher à confisquer, détruire cette innocence. Ne peut on rêver, imaginer, s’évader au-delà de l’accumulation des noirceurs de la société moderne ? Et si ce monde adulte s’effondrait, si les adolescents devaient explorer et construire par eux-mêmes un monde qui soit le leur sur des bases totalement neuves, celles d’une nature complètement transformée suite à un mystérieux cataclysme ?

Le long cycle Autre-monde nous présente une création littéraire surprenante, tout à fait autre que ces thrillers qui ont fait la renommée de l’auteur (L’alliance des Trois, Malronce, Entropia, Genèse, Neverland…) Ces romans nous plongent dans un univers qui fusionne fantasy et science fiction, avec toujours la même qualité narrative qui rend les livres si difficiles à lâcher, si difficile de quitter une intrigue et des personnages tellement authentiques et attachants, dès les premières pages.

Maxime Chattam Romans Cycle Autre-Monde

Du thriller à l’hommage littéraire

Par là nous découvrons une œuvre très riche qui sait ne pas s’enfermer dans un seul genre. Cette variété se retrouve dans les textes ultérieurs qui montrent un grand renouvellement des univers imaginaires et parfois des incursions dans des traditions et chez des auteurs auxquels Maxime Chattam rend hommage comme H.P Lovecraft et Stephen King. Mentionnons un gros livre, toujours aussi difficile à faire rentrer dans un genre unique, Le Signal (2018), peut être un de ses meilleurs écrits.

Conclusion : une oeuvre qui questionne notre humanité

Le texte proposé ici analyse ces œuvres, et d’autres. Il s’adresse à ceux qui connaissent déjà Maxime Chattam et souhaitent approfondir leur regard sur son oeuvre. Autre manière de dire : attention, spoilers majeurs !

Bonne lecture.


Version Française

English version